Terre maternelle 1
2010 · IN
De mes fenêtres, c’était Irlande. Une terre presque interdite, un point de fuite, une résurgence possible du plein* enfantin, un chemin dangereux et merveilleux aussi. Un mythe personnel. Des amis ont dit : « Et si, … ».
Nous sommes partis là-bas sous le cagnard. Bizarrement, je n’attendais rien d’autre qu’une confirmation. La vraie soif et, d’un revers de manche, l’oubli. J’avais choisi le noir et blanc propice au crépuscule et à l’éblouissement. Souvenir de sortie au grand jour, la chaleur et la lumière à la rescousse de l’aveugle temporaire. La brume tourbée de Killorglin, the cable-car vertigineux de Garnish Point, le fish and chips du Bridge Bar à Portmagee ; Elle est devenue réalité augmentée. Un jeu de piste commençait en ce que je voulais appeler terre maternelle.
* Du plein est né un puits. Cet amour plein se niche en enfance. Il occupe l’espace entier. L’amertume soufrée du vide n’y tient pas. Il donne droit aux jardins minuscules et aux quatre-heures sucrés courus d’avance. Albert-Léone-Else-Georges. Un monde où la violence n’est qu’une bagarre sur l’herbe, un éclat de voix ; la peur : une pointe au ventre, un essoufflement ; l’ennui : un mal nécessaire, une pré-joie ; la douleur, le bruit des larmes puis des caresses; le beau : un trésor ou un bouquet à courir offrir. J’ai voyagé sur eux comme un petit singe. Ce Pays de tendre itinérance porte le nom de mes grands-parents. Albert-Léone-Else-Georges. S’est érigée ensuite la chambre de l’adolescence, le pressentiment de deuils imminents. Les obstacles du vide…