TM 2 Rapport au dioptre

Terre maternelle 2

2011 · IN

En terre de miroirs, je voulais traverser, voir à travers, chercher la netteté au delà de la surface ou voir « par de brefs dessillements des yeux » 1, voir par tous les moyens.

Accepter parfois le regard pauvre d’une perspective frontale, tenter la soumission par la rêverie ou la méditation. En mouvement, les paysages s’animent, se gonflent d’air, palpitent. Lors qu’ils sont vus d’un point mobile, ils respirent et me fascinent comme les soubresauts d’un ventre aimé pendant le sommeil. À l’arrêt, le soufflet retombe. La réalité prend l’allure d’une queue de mascaret, une mer noire brute et poisseuse, quelques plis concédés au vent en surface, rien de plus. Restait une énergie folle d’en découdre ;  la vérité coûte que coûte, l’envie irrépressible de voir à travers encore, voir tout, démêler le vrai du faux, finir à poils, saoul ou tabassée. Une ivresse de forcené. Ne plus accepter le reflet comme l’architecte fainéant que l’alentour ravit. L’impression tenace de n’avoir attendu que les trajets en voiture sur la R342, ou de la N59 non loin de Clifden, les paysages de long en large et l’exaltation des pubs, la rédemption matricielle. Cette terre maternelle fut une terre d’action : percer le dioptre par incidence furtive, reprendre force et jouir de l’accouplement.

1 la Chine intérieure – Écrit pour le ciel, Henry Bauchau

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