2024 · IN
Un monde coupant
Un tiroir de cuisine
Un billot de boucher
Des lames prises au vent
Des lames de feuillage
Des lames de caillou
Des lames de paysage
Des lames d’environ
Des lames à foison
Le fil du rasoir, de la toile à trancher
De tricot métallique,
Une écharpe de cou.
Une écharde dans un plis
des lignes de la main
Prudence coupe-faim.
De la boite à outils
Gants et scaphandre
Pour les jours résignés.
Un livre, des chaussures
À porter tout en bout
pour les autres d’aventure.
Le risque de vivre à nu
Ces jours hémophiles
Des jours de crêve-la-faim
Des jours sans instant
Des jours à ramasser des plumes
A n’avoir que des poches prêtes
Et des biscuits fragiles
Et puis, l’entrée du port, les manœuvres
Le quai solide, le ménage de Toussaint
Le bruit rangé aux brumes
Pas de vent, pas de porte
Pas de voix, un seul corps
En ouïe, en vue, rien.
La quête des possibles
Pour frayer le chemin parmi
les colères étouffées
de coussins patients,
Dans la lumière poussive
le sommeil gisant.
Des trous et des ronces
De la poussière tombée
Et de l’eau contrainte
En miroir dedans, à voir
Les saccages des repus
Les paroles reçues sales et vicieuses
Un roulement de frelons
en acouphènes de cristal abusé
Des déchirements et puis,
Des souvenirs d’amour comme
Un texte sans temps, et puis,
Des colères soudaines, des averses promises
Le ciel rabattant de sa ouate grise
Un jour à mordre la poussière
Un jour à prendre l’eau
Sur une île-ventre
Sur une île-dos
La cisaille en son sein.
Le titre est extrait d’une lecture abreuvante : J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabon. Alexis Jenni – Editions Paulsen